Présidentielle 2025 : gare au candidat qui va négliger… !





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Les historiens le savent. Chaque fois qu’un pays est en crise, il se recroqueville sur lui-même pour trouver des solutions nationales. Le monde étant frappé depuis la fin des années 80 par une crise économique et financière qui ne s’arrête pas, est née une autre crise, celle des valeurs. Les pays se ferment en cherchant des solutions internes dont le recours aux valeurs qui font leur singularité et donc le ferment de leur rebond.

C’est ce que croit savoir le nouveau président américain qui pense pouvoir sortir son pays de l’ornière à travers sa politique bâtie autour du thème Make America great again ou Maga qui, traduit en français, pourrait être « Rendre sa grandeur à l’Amérique ». Pour y arriver, le milliardaire de président républicain compte ni plus ni moins sur un programme basé sur la préférence nationale. C’est-à-dire, le fait pour une administration de réserver exclusivement certains droits politiques, économiques, sociaux, culturels etc. aux nationaux.

Donald Trump est si fier de son slogan que celui-ci attire les Américains, qu’ils soient jeunes ou vieux, comme des mouches. Il peut assurer alors, mardi 24 septembre 2019, à la tribune de l’ONU, que « L’avenir appartient aux patriotes, aux nations souveraines et indépendantes qui protègent leurs citoyens et respectent leurs voisins » mais pas aux « globalistes », c’est-à-dire ceux qui font la promotion d’un monde unifié. Pour le président américain, il faut être fort chez soi, nourrir bien son peuple d’abord avant d’aider les autres. 

Cette vision, bien que combattue farouchement par les mondialistes, fait l’affaire des partis d’extrême droite à travers l’Europe et l’Amérique du Sud. En novembre de l’année dernière, un groupe de partis d’extrême droite conduit par le Premier ministre hongrois Viktor Orban a annoncé vouloir rendre à l’Europe sa grandeur. D’où le slogan Make Europe great again. Cette idée « trumpienne » a de fortes chances de prendre bien des pays au regard des difficultés sans cesse croissantes que connaissent les pays du monde et qui, pour se sortir d’affaires, ne se tourneront que vers le repli identitaire. Mais la réponse à la crise que vivent les peuples du monde n’est-elle que nationale ?

Il est un fait qui est incontestable. Le repli identitaire, la préférence nationale telle que prônée de nos jours, ne sont que la résultante de la montée des inégalités sociales, le dysfonctionnement criant des démocraties nées en Europe et peut-être aussi l’éloignement entre les élites et les peuples. Ces derniers, appelés détenteurs de tout le pouvoir, sont constamment à la recherche d’un pouvoir qui leur sera proche, qui comprendra leurs problèmes afin de leur trouver des solutions sinon radicales du moins durables. Ce qui fait qu’ils sont plus disposés à entendre des propositions sur la préférence nationale.

Le peuple de Côte d’Ivoire qui se prépare à vivre une élection présidentielle en octobre prochain, connaît aussi ces problèmes sociaux et démocratiques. Ils sont du reste sur toutes les lèvres et leur gestion qui n’est pas satisfaisante se fera forcément inviter dans le débat politique. Un putatif candidat à cette élection, Jean-Louis Billon, annonce sans faux-fuyants qu’il est pour la préférence nationale. Si les autres candidats ne l’annoncent pas clairement, ils entendent mettre les Ivoiriens au centre de leur programme politique. Qui pour faire d’eux des milliardaires, qui pour les rendre riches, qui pour faire d’eux des femmes et des hommes debout.

Et ce n’est pas le débat actuel sur le foncier qui fait rage qui va les en dissuader. Un homme, de nationalité malienne, en complicité certainement avec des cadres de l’administration judiciaire et de la construction, sème la zizanie au sein de la population. Il a réussi à arracher à des propriétaires, des terrains qu’ils ont achetés en bonne due forme et des terres aux propriétaires terriens. Depuis que l’affaire est arrivée sur la place publique, c’est chaque jour qu’un nouveau conflit est révélé, portant les stigmates de l’homme : Komé Bakary.

« Ceux qui vivent le calvaire sur leurs propres terres » appellent au secours. De quoi mobiliser les Ivoiriens autour de cette affaire somme toute gênante pour le pouvoir qui peut paraître comme faisant la part belle à l’étranger au détriment des nationaux. Voilà une triste affaire comme il y en a bien d’autres, qui provoque la distance entre les peuples et les décideurs, crée le dysfonctionnement démocratique et pousse dans les bras de ceux qui optent pour la préférence nationale. Gare au candidat à l’élection d’octobre prochain qui va oublier d’inscrire en lettres d’or dans son programme de gouvernement, de régler en 24 heures la question du couple foncier-justice.

Abdoulaye Villard Sanogo

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