Entre les djosseurs des namas et leurs clients, les discussions sont parfois houleuses
Différentes voitures sont stationnées, tandis que d’autres arrivent ou repartent. Certains automobilistes négocient le prix du stationnement avec ceux qu’on appelle communément les djosseurs de namsa (des jeunes chargés de garer les véhicules). À quelques mètres, un échange a lieu entre un conducteur récupérant sa voiture et l’un de ces spécialistes du stationnement. Cette scène illustre bien le quotidien de ces jeunes qui facilitent la gestion du parking urbain dans les rues d’Abidjan.
Le mercredi 5 mars 2024, rue des Banques, au Plateau. En face de nous, Youssouf, djosseur de namas depuis plus de cinq ans, est une figure bien connue de l’endroit. Il nous parle de son activité : « Cela fait plus de cinq ans que je travaille ici. Beaucoup de personnes me connaissent, certains me confient même leurs clés pour déplacer leur voiture en cas d’urgence. En général, pour deux ou trois heures, nous demandons entre 500 et 1 000 francs CFA. Pour les employés de la BAD, la journée coûte entre 2 500 et 3 000 francs. Nous veillons à ce que les voitures restent intactes jusqu’au retour de leurs propriétaires », nous explique-t-il, hâtivement, avant de s’empresser de sortir un véhicule. Comme on dit à Abidjan : « Celui qui dort, c’est pour lui qui s’en va ». Youssouf l’a bien compris. Il n’a pas le temps de trop discuter avec nous.
Un peu plus loin, nous rencontrons S.A., un autre djosseur de namas qui exerce également au Plateau. Il insiste sur la flexibilité des tarifs : « Ici, nous n’imposons pas de tarif fixe. Des clients nous remettent 500 FCFA ou 1 000 FCFA, selon la durée du stationnement. Ce que nous déplorons, c’est surtout la manière dont d'autres parmi eux nous parlent. Certains n’ont pas d’argent et nous l’expliquent calmement, sans nous manquer de respect. Par contre, d’autres ne nous considèrent pas du tout et nous donnent à peine 200 francs, même après plusieurs heures de stationnement. Dans ce métier, tout est une question de communication. Quand un client nous parle bien et nous explique sa situation, nous veillons toujours à ce qu’il retrouve sa voiture en parfait état, même après plusieurs jours », déclare-t-il.
Composer avec les djosseurs des namas ou subir
M. Kouakou, habitué du secteur, partage son expérience avec les djosseurs de namas : « En 2020, je me rendais au bureau et j’ai garé ma voiture rue des Banques. Les jeunes m’ont demandé 500 FCFA, mais je les ai ignorés. À mon retour, mes rétroviseurs avaient disparu. Quand je leur ai posé des questions, personne ne m’a répondu. Depuis ce jour, j’ai préféré dialoguer avec eux. Quand je n’ai pas 1 000 FCFA, je leur explique et ça évite les tensions. Aujourd’hui, je retrouve toujours ma voiture en bon état. Mieux vaut être ami avec eux qu’être leur ennemi », dit-il en souriant. Sont-ce ces jeunes gens qui lui ont retiré ses rétroviseurs ? Ou ont-ils laissé un malfrat opérer sans réagir ? Une chose est sûre, M. Kouakou a retenu la leçon.
Dans la commune de Cocody, précisément à Blockhaus, le système est identique. Les jeunes qui gèrent le stationnement demandent généralement 500 francs. « Les week-ends, nous gagnons beaucoup plus. Chaque voiture rapporte au moins 500 francs, parfois plus selon la générosité des clients. Les samedis soirs, je peux rentrer avec 10 000 francs ou plus quand il y a du monde », confie Sangaré, un djosseur de namas de la zone.
Le phénomène des djosseurs de namas est bien ancré dans le paysage urbain abidjanais. Ces jeunes offrent un service qui facilite la vie des automobilistes. Mais leurs méthodes suscitent parfois des tensions, ce qui pousse certains automobilistes à les décrier. Quoi qu’il en soit, ces jeunes sont devenus un mal nécessaire. Cependant, ils gagneraient à s’organiser et à uniformiser leurs tarifs. Tout le monde en sortirait gagnant.
S.F.