Washington comme le grand commandant, est-ce la fin de la crise d'Ukraine ?
Conformément à l’annonce faite par Washington à la suite de la rencontre en Alaska entre Donald Trump et Vladimir Poutine, une réunion multilatérale s’est tenue lundi 18 août 2025 à Washington. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, plusieurs dirigeants européens, ainsi que Donald Trump se sont réunis pour discuter des perspectives d’une paix globale autour de la crise ukrainienne.
Donald Trump a laissé entendre qu’une rencontre trilatérale avec Moscou pourrait être envisagée « si les discussions s’avéraient fructueuses ». Optimiste, il a déclaré : « La guerre va finir. Ce monsieur veut que ça finisse, et Poutine veut que ça finisse ».
L’ombre des concessions territoriales
Dans le Bureau ovale, Volodymyr Zelensky a soigneusement évité de répondre aux questions concernant un éventuel échange de territoires. Il a néanmoins salué la proposition de Donald Trump d’organiser une rencontre trilatérale avec Vladimir Poutine, un geste qui lui a valu un accueil chaleureux de la part du président américain.
Pour Trump, la clé réside dans les compromis : « Le président ukrainien peut mettre fin à la guerre avec la Russie presque immédiatement s’il le souhaite, ou il peut choisir de continuer à combattre ».
Sur son réseau Truth Social, il a rappelé qu’il n’était « pas question » pour l’Ukraine de récupérer la Crimée, annexée en 2014, ni d’intégrer l’OTAN. Une position inacceptable pour Kiev et ses alliés, d’autant que la Russie maintient ses exigences maximalistes, réclamant le contrôle complet de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson.
L’Europe, solidaire mais inflexible sur les principes
Les dirigeants européens présents parmi lesquels Emmanuel Macron, Giorgia Meloni, Keir Starmer, Friedrich Merz, Alexander Stubb et Ursula von der Leyen, ont réaffirmé leur soutien à l’Ukraine tout en martelant qu’aucune concession territoriale ne saurait être imposée à Kiev.
Dans une déclaration conjointe, ils ont affirmé que « l’Ukraine doit disposer de garanties de sécurité solides et durables afin de pouvoir défendre efficacement sa souveraineté et son intégrité territoriale », tout en soulignant que « la Russie ne peut opposer son veto à l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne ou à l’OTAN ».
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a salué les efforts diplomatiques de Trump : « Les efforts du président Trump nous ont rapprochés plus que jamais de la fin de la guerre illégale menée par la Russie contre l’Ukraine. Son leadership dans la recherche d’une fin aux violences doit être salué ».
Kiev met en garde contre les illusions
Face à cette dynamique diplomatique, Volodymyr Zelensky a tenu à rappeler certaines réalités :
« Nous comprenons qu’il ne faut pas s’attendre à ce que Poutine renonce à l’agression ni à de nouvelles tentatives d’agression. C’est pourquoi la pression doit être efficace, et elle doit être conjointe – de la part des États-Unis, de l’Europe, et de tous ceux qui, dans le monde, respectent le droit à la vie et l’ordre international ».
Du côté ukrainien, certains responsables s’inquiètent des éventuelles concessions américaines. Oleksandr Merezhko, président de la commission des affaires étrangères du Parlement ukrainien, a ainsi déclaré :
« Malheureusement, Trump a adopté la position de Poutine, et cela correspondait à la demande de Poutine ».
Une paix incertaine, des tractations intenses
Selon l’agence russe Tass, relayée par le New York Times, Donald Trump aurait proposé aux Européens un accord de paix prévoyant la cession complète du Donbass à la Russie, en échange d’un cessez-le-feu immédiat et de garanties de sécurité pour Kiev et pour l’Europe.
Pour l’heure, aucun cessez-le-feu n’a été conclu. Mais Washington est devenu le centre de gravité de tractations diplomatiques intenses, où chaque camp tente de se repositionner. Une chose demeure certaine : le chemin vers une paix juste et durable en Ukraine reste semé d’embûches et de profondes divergences.
Dominique Koba