Le Burkina Faso exige des explications après la mort suspecte d’Alino Faso en détention en Côte d’Ivoire, rejetant la thèse du suicide avancée par les autorités ivoiriennes
La mort en détention d’Alain Christophe Traoré, plus connu sous le nom d’Alino Faso, suscite une vive indignation du côté burkinabè. Dans un communiqué officiel publié ce lundi 28 juillet, le Gouvernement du Burkina Faso a exprimé sa « consternation » et son « indignation profonde » face à ce qu’il qualifie de « disparition dans des circonstances obscures » de son ressortissant, détenu depuis janvier en Côte d’Ivoire.
« Selon un communiqué du Procureur de la République ivoirien, largement relayé sur les réseaux sociaux, Alino Faso se serait suicidé le jeudi 24 juillet 2025 à l’École de gendarmerie d’Abidjan, où il était incarcéré depuis plus de six mois ». Une version que le Gouvernement burkinabè rejette fermement.
Dans sa réaction officielle, Ouagadougou déplore n’avoir reçu aucune notification des autorités ivoiriennes concernant le décès d’Alain Traoré. Ni la famille du défunt, ni son avocat, ni même l’Ambassade du Burkina Faso en Côte d’Ivoire n’ont été officiellement informés. Il a fallu, selon le communiqué, une convocation urgente de la Chargée d’affaires de l’Ambassade de Côte d’Ivoire à Ouagadougou pour que la confirmation du décès soit donnée, de manière non officielle.
Le Gouvernement burkinabè s’étonne par ailleurs que le décès soit intervenu dans une caserne militaire, et ce malgré les garanties données par les autorités ivoiriennes, quelques mois plus tôt, sur le respect des droits humains et le rejet des pratiques de torture ou de détention arbitraire.
Le communiqué va plus loin, qualifiant la mort d’Alino Faso de « suspecte » et même d’« assassinat crapuleux ». Le Gouvernement s’indigne du délai de 72 heures entre le décès présumé et la diffusion de l’information au public, via un communiqué du Procureur dont l’authenticité initiale était jugée difficile à vérifier.
« Le Gouvernement rejette avec force et vigueur la thèse du suicide actuellement avancée », peut-on lire dans le texte, qui évoque un « déni de justice » et une « complaisance coupable » de la part de l’appareil judiciaire ivoirien.
Le Burkina Faso demande officiellement le rapatriement sans délai du corps d’Alain Traoré pour des obsèques « dignes et honorables ». Il appelle à la vérité et à la justice dans cette affaire, qui touche « une famille endeuillée » mais aussi « des millions de compatriotes révoltés ».
Enfin, le Gouvernement burkinabè assure qu’il reste saisi du dossier, qu’il entend suivre jusqu’à « la manifestation totale de la vérité ». Il salue la mémoire d’un homme présenté comme un militant engagé pour des causes humanistes, et prévient que « la mort de Alino Faso ne restera pas impunie ».
GZ