De accidents de la circulation ont été causés par l'imprudence de motocyclistes
À Abidjan, les feux tricolores semblent avoir peu de poids pour une grande partie des motocyclistes. D’Adjamé à Yopougon, en passant par Cocody, les deux et trois roues franchissent régulièrement les feux rouges, slaloment entre les véhicules et s’imposent jusque sur les trottoirs. Un comportement presque banalisé, mais qui alimente une insécurité routière grandissante.
Selon le ministère des Transports, les engins à deux et trois roues sont responsables de 37 % des décès liés aux accidents de la route dans la capitale économique. Un chiffre alarmant qui a poussé les autorités à sévir. Désormais, motos et tricycles sont interdits sur plusieurs grandes artères, notamment le boulevard Félix-Houphouët-Boigny (anciennement VGE), axe vital d’Abidjan.
Des comportements à haut risque
« Rien qu’en 2023, des centaines de blessés graves ont été recensés après des refus de priorité ou des feux non respectés », confie un policier de la circulation rencontré à Treichville. Dans les hôpitaux, le constat est tout aussi préoccupant : selon des professionnels de santé, les accidents de motos constituent une part importante des cas graves admis chaque semaine. Les victimes souffrent souvent de traumatismes crâniens et de fractures multiples, aggravés par l’absence fréquente de casque.
Un livreur à moto accepte de témoigner : « On sait que traverser au rouge est dangereux, mais la pression des clients et la concurrence nous obligent à rouler vite », reconnaît-il. Un autre usager, qui se sert de son engin pour se rendre au travail, estime quant à lui que les motocyclistes ne devraient pas être soumis aux mêmes contraintes que les automobilistes. « Si le feu est rouge et qu’il n’y a pas de danger, je passe. Pour moi, ça ne devrait pas être un délit », justifie ce père de famille d’une quarantaine d’années.
Pour les automobilistes et les piétons, en revanche, les restrictions imposées aux deux et trois roues sont une bouffée d’air. Certains demandent même leur interdiction totale sur les grandes artères et réclament des sanctions plus sévères.
Si les forces de l’ordre multiplient contrôles et verbalisations, elles reconnaissent leurs limites. « Nous ne pouvons pas être partout », admet un gendarme en poste à Koumassi. Le ministère, lui, reste ferme : la sécurité doit primer sur la vitesse et le gain économique.
Modeste KONE