Présidentielle 2025 : entre campagne électorale et mots d’ordre de l’opposition, l’activité économique tourne au ralenti





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De grandes artères habituellement embouteillées connaissent une circulation fluide désormais (Ph D'archives)



À quelques semaines du scrutin présidentiel, la campagne électorale bat son plein tandis que l’activité économique, particulièrement le secteur informel connaît un net ralentissement. Entre mots d’ordre de l’opposition, prudence des opérateurs économiques et peur des tensions, le pays semble avancer à pas mesurés vers l’échéance du 25 octobre 2025.

Dans plusieurs communes d’Abidjan comme à l’intérieur du pays (sources jointes par téléphone) les signes de ce ralentissement se multiplient : marchés moins fréquentés, commerces prudents, chantiers reportés. La dynamique habituelle des affaires semble freinée par l’incertitude politique.

« Les clients se font rares, beaucoup attendent que la situation se stabilise avant de dépenser », témoigne Alasco, propriétaire d’une grande boutique de vente en gros de produits alimentaires au marché Jean-Folly, à Port-Bouët. Ismaël B., vitrier qui travaille sur de gros chantiers, a vu la majeur partie de ses clients le renvoyer à l'après élection pour le début de leurs travaux de construction. "Mes principaux gros clients me disent tous d'attendre après les élections pour entamer les travaux. Ce qui me cause un gros préjudice. Les employés n'attendent pas, les taxes et impôts non plus. Sans compter les fournisseurs à qui nous avons déjà passé des commandes. Notre crédibilité prend un coup", explique ce jeune opérateur économique. 

Ce phénomène n’est pas inédit. À chaque période électorale, la méfiance gagne une partie des acteurs économiques, soucieux d’éviter les pertes liées à d’éventuelles violences, souvent accompagnées d’actes de vandalisme et de pillages. Mais cette année, la prudence semble plus marquée, notamment en raison des récents appels de l’opposition à des mobilisations et à la vigilance face à ce qu’elle qualifie de « dérives du pouvoir ».

Les mots d’ordre de l’opposition en rajoutent

Si les appels à la mobilisation lancés par certaines formations politiques, notamment le Front commun (PPA-CI, PDCI-RDA) et d’autres organisations de la société civile, n’ont pas toujours donné lieu à des manifestations d’envergure en raison de leur interdiction par les autorités du pays, ils entretiennent néanmoins une atmosphère de crainte.

Plusieurs commerçants et opérateurs économiques préfèrent limiter leurs activités par précaution. Beaucoup gardent encore en mémoire la crise postélectorale de 2010-2011 ou encore l’appel à la désobéissance civile de 2020. « Personne ne veut revivre les tensions du passé. Dès qu’on entend qu’il y aura un rassemblement, on ferme plus tôt », explique M. Coulibaly, propriétaire d’un magasin de vêtements au marché de Treichville.

Le pouvoir tente de rassurer

Face à cette situation, le gouvernement multiplie les messages d’apaisement. Dans plusieurs déclarations récentes, les autorités ont appelé à la sérénité, assurant que toutes les dispositions sont prises pour sécuriser la campagne et le scrutin. Des responsables proches du pouvoir insistent sur le fait que le vote se déroulera dans le calme.

Mais la réalité sur le terrain est plus contrastée. La tentative de manifestation de l’opposition, le samedi 11 octobre 2025, et le bras de fer qui s’en est suivi avec les forces de l’ordre illustrent les tensions persistantes. « On ne le souhaite pas, mais tout peut éclater à tout moment. Moi, je prévois l’imprévisible. J’ouvre mon magasin plus tard et je le ferme tôt. J’ai même évacué une partie de mes marchandises chez moi, par sécurité », confie le propriétaire d’une grande quincaillerie à Abobo.

Une population prudente mais attachée à la paix

Au-delà des discours politiques, c’est une population prudente, mais résolument attachée à la paix, que l’on retrouve dans les marchés et les quartiers. Beaucoup d’Ivoiriens affirment vouloir tourner la page des crises passées et espèrent une élection apaisée. « On veut voter tranquillement et continuer à travailler. On a trop souffert des troubles politiques », résume un enseignant joint à Bouaké.

À l’approche du scrutin présidentiel, la sérénité n’est donc pas totale. La crainte, alimentée par les mots d’ordre de l’opposition, reste palpable. Un nouveau défi se dessine à l’horizon : ramener la stabilité et préserver la paix pour permettre une relance durable des activités économiques.

Modeste KONÉ

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