Fabrication artisanale et commerce de glaces à Abidjan : une activité qui rafraîchit les bourses





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Le commerce de glaçon qui est certes négligé nourrit pourtant des familles



À Abidjan, il suffit de s’attarder dans les ruelles tôt le matin pour découvrir un commerce discret mais vital : celui de la glace artisanale. Pas de grandes usines, pas d’énormes moyens. Juste des congélateurs, des seaux, des mains rapides et beaucoup de débrouillardise.

À Abobo, la journée commence avant le levé du jour

Il est un peu plus de 5 h quand Awa Diabaté soulève le couvercle de son congélateur. De la vapeur s’échappe, signe que les sachets ont bien pris. Son salon fait office d’atelier. C’est comme ça qu’elle nous décrit le début de son activité dès son réveil. « Si tu veux vendre, tu dois te lever avant les autres. Les clientes arrivent parfois même avant 6 h », glisse-t-elle en alignant soigneusement les sachets glacés.

Dans quelques minutes, les vendeuses de jus de gingembre et de bissap débarqueront, seaux en main. À ce rythme, notre commerçante nous dévoile qu'elle peut faire un recette allant de 4 000 FCFA à 6 000 FCFA. 

Dans la commune voisine, Yopougon, les rues commencent à s’animer. Entre deux coups de klaxon, Thierry Kouamé charge sa glaciaire sur sa moto. Il vend de la glace depuis trois ans, un métier qu’il décrit comme “imprévisible, mais rentable”.

« Avec la chaleur d’Abidjan, tu ne peux jamais te tromper. Quelqu’un va forcément acheter », lance-t-il en attachant une sangle.

Sa tournée du jour : un maquis, deux vendeuses de boissons, et un client qui organise une petite réception à Attécoubé. En fin de journée, notre livreur peut faire un bénéfice, selon lui, de 10 000 FCFA. 

Thierry n’a pas de congélateur. Sa force, c’est son réseau, et sa moto toujours prête.

Koumassi : un salon transformé en petite usine

À Koumassi, les ronronnements de deux congélateurs remplissent le salon de Mariam Koné. Elle nous confie avoir commencé avec un seul appareil. Aujourd’hui, elle en a deux, et dit que c’est grâce à cette activité que ses enfants vont à l’école sans retard de scolarité.

« Ce n’est pas un gros commerce, mais ça nourrit. Les femmes du quartier savent que je ne fais jamais faux bond. Même quand il pleut, je produis », confie-t-elle, un sourire discret au coin des lèvres.

Comme beaucoup, elle redoute la facture d’électricité, mais elle ne baisse pas les bras.

« Le courant augmente, mais la chaleur aussi. Donc on s’en sort », confie celle qui dit vendre près de 300 glaçons par jour à 50 FCFA l'unité. 

Dans le quartier Arras de Treichville, Zié Karim ouvre sa petite boutique qu’il occupe, d’après lui, depuis presque dix ans. Les habitués viennent y prendre des sachets de glace pour leurs boissons ou leurs glacières de poisson.

« Les gens pensent que c’est un petit commerce… mais moi, c’est avec ça que j’aide ma famille au village », raconte-t-il, penché sur un bac de glace.

À Abidjan, la glace circule comme une marchandise essentielle. D’Abobo à Adjame, de Yopougon à Marcory, elle voyage dans des glacières, des sachets noués, des sacs de riz recyclés. Elle finit dans les maquis, les taxis, les petits restaurants, les boulangeries et surtout dans les mains des vendeuses ambulantes.

Un métier discret, mais indispensable

Dans une ville où le soleil brille quasiment toute l’année, la glace artisanale est devenue une petite économie qui fait vivre des milliers de personnes. Une économie silencieuse, sans bruit, sans communication, mais d’une réelle efficacité.

Awa, la productrice d’Abobo, résume ça en une phrase simple, avec ses propres mots : « Tant qu’il y a chaleur, il y a travail. »

Modeste KONÉ 

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