Cessez-le-feu à Gaza : et Trump célèbre la violence





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Les USA veulent faire de Gaza un territoire americain



Ce qui s’est passé lundi 13 octobre au parlement d’Israël, n’est rien de moins qu’une ode à la violence. Le président américain qui y était accueilli triomphalement et qui s’est laissé emporter par la démesure du jour, ne célébrait pas un quelconque succès de sa gouvernance encore moins celui de son hôte. Car quel mérite a un pyromane qui vient jouer les pompiers quand le feu qu’il a savamment entretenu a eu brûlé tout ?

Trouvons les mots justes et utilisons-les judicieusement, sans faiblesse. Benyamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, qui ne connaît que la violence de la guerre, sait sur qui compter dans la barbarie et la brutalité qu’il a instaurées au quotidien en Palestine et plus généralement dans le Moyen-Orient. Il n’est que le bras armé d’une Amérique de Trump qui ne se gêne pas de flirter avec l’extrême droite et de mettre ses idées en pratique. 

Souvenons-nous ! En février 2025, selon la presse américaine, le président américain nourrissait déjà l’idée de raser la bande de Gaza pour en faire une « Riviera du Moyen-Orient ». Un peu comme les stations balnéaires attrayants par leur modernité et que l’on voit un peu partout à travers le monde. Dans le funeste plan de Trump, la bande de Gaza devrait servir de construction d’usines de voitures électriques, de complexes hôteliers et de centres de données. Cette prise de contrôle guerrière devrait se poursuivre par l’expédition des habitants de cette partie de la terre dans des pays comme l’Egypte et la Jordanie. 

Pour réussir cet ambitieux programme diabolique que les dirigeants du monde condamnaient avec la dernière énergie et alors qu’ils coupaient les liens avec l’Etat hébreux, le président américain mettait à la disposition de Netanyahu son administration, sa diplomatie, son armée et l’argent du contribuable. Ainsi, à l’ONU, les Etats-Unis se sont opposés systématiquement à tout plan de cessez-le-feu qui arrive au Conseil de sécurité. Evidemment que l’administration Trump a travaillé en collaboration avec celle du Premier ministre israélien pour pondre le texte de 38 pages qui propose de raser la bande de Gaza. Des armes de toutes sortes ont pris régulièrement la direction d’Israël pour réussir le massacre des Palestiniens. 

C’est donc Donald Trump qui massacrait passivement les habitants de la Bande de Gaza. D’ailleurs, Netanyahu le reconnaît explicitement dans sa prise de parole de ce lundi 13 octobre en rendant hommage à son sauveur d’allié en ces termes : « Donald Trump est le « meilleur ami qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche ». Puis, comme pour le saluer pour son aide précieuse, il déclare : « Aucun président américain n'en a fait plus pour Israël ». Dans de telles circonstances, quel homme à la place du Républicain n’arriverait pas aussi facilement à obtenir d’un bras armé un accord de cessez-le-feu ? surtout que l’isolement du couple Etats-Unis/Israël sur la scène internationale devenait de plus en plus insoutenable et que par ailleurs, la pression intérieure de la « Génération Z » américaine, opposée à la guerre en Palestine, s’intensifiait au fil des journées. 

En réalité, c’est celui qui poussait dans le dos Netanyahu à raser la Bande de Gaza qui a décidé de ne plus le pousser. Pas parce qu’il verrait à l’horizon le Prix Nobel de paix (parce qu’il est trop tard) mais parce qu’il n’est plus à l’aise dans sa posture. L’environnement a changé brutalement et tout ou presque plaide en sa défaveur. Il n’y a qu’à rappeler des propos de son discours unijambiste devant la Knesset ce 13 octobre pour se rendre compte de la haine qu’il éprouve contre ce peuple palestinien.

Dans son message fleuve, le président américain n’a pas eu une seule seconde de remord pour les quelque 70 000 Palestiniens tués pour son projet conduit par le gouvernement israélien. Au reste, son allocution a été brièvement interrompue par un député de l’opposition qui a brandi une pancarte sur laquelle l’on pouvait lire « Reconnaissez la Palestine ». L’homme a été expulsé rapidement du Parlement. Un acte salué par Donald Trump qui avait pourtant là, l’occasion de parler à ce parlementaire et à ses ravisseurs, de paix entre les deux Etats.

Assurément, le président républicain n’est pas venu en Israël débarrassé de son parti pris dans le conflit israélo-palestinien. Il a passé le plus clair de son temps à vanter les mérites, la bravoure, le patriotisme et le bon travail du va-t-en-guerre Netanyahu que poursuit du reste la Cour pénale internationale. Il a même plaidé auprès des parlementaires afin que son filleul qui est empêtré dans des procès judiciaires dont il ne sortirait sans doute pas, soit amnistié. 

Mais, au moment de s’adresser aux Palestiniens, le champ lexical va chercher ailleurs, dans la terreur. Le président américain exige des Palestiniens de « se détourner pour toujours de la voie du terrorisme ». Il leur demande par la suite d’ex-communier parmi leurs compatriotes les forces qu'il qualifie de « malveillantes ». Et, comme s’il ne connaissait pas l’histoire des Palestiniens, il assène : « Les Palestiniens sont face à un choix qui ne pourrait pas être plus clair. C'est leur chance de changer. Ils doivent s'éloigner pour toujours de la voie du terrorisme et de la violence. Il est impératif d'exclure les forces malveillantes de haine qui sont parmi eux ». 

Deux poids, deux mesures. Il n’y a pas mieux à dire. Pour le bourreau, la victime qui choisit de se défendre crânement, hardiment et témérairement est un terroriste. Parce que les bourreaux aiment occuper seuls le terrain de la lutte.

Abdoulaye Villard Sanogo

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