Pour le procureur, plus qu’une marche, il s’agissait d’actes de terrorisme
Le procureur de la République d'Abidjan, Koné Braman, a durci le ton jeudi 16 octobre 2025 en qualifiant d' « actes de terrorisme » ce que certains, surtout les militants proche du Front commun présentaient comme une marche de protestation organisée le 11 octobre et interdite par un arrêté préfectoral.
Lors d'une déclaration publique, le magistrat, qui s’est également présenté comme directeur de la section anti‑terroriste, a détaillé les éléments recueillis lors des enquêtes et averti que des sanctions lourdes seraient requises contre les mis en cause.
Selon le procureur, l'exploitation des téléphones portables saisis auprès de personnes interpellées a permis de retrouver des messages incitant à la violence et à la « paralysie de la ville ». Il a lu en partie un texte attribué à « un ex‑militaire » dans lequel sont énoncées des « stratégies pour paralyser la ville » : fermer des ambassades, casser des caméras, brûler des véhicules de police, incendier magasins, supermarchés et préfectures, et organiser « des groupes stratégiques dans chaque secteur ». Le magistrat a qualifié ces messages de « déclarations graves » et a indiqué qu'ils provenaient de plusieurs groupes WhatsApp.
Le procureur a rappelé que, pour contester l'arrêté préfectoral, la voie légale était celle du Conseil d'État. « Il leur appartient de saisir le conseil d’Etat pour demander un sursis à exécution », a‑t‑il souligné et non la voie de la violence. Il a également lancé un avertissement direct aux jeunes : « Je vous dis de penser à votre carrière. Ne brisez pas votre carrière pour des hommes politiques, cachés derrière des caméras et qui vous lancent des messages d’appels à l’insurrection ».
Sur le plan judiciaire, Koné Braman a précisé : « Pour le moment, nous avons interpelé environ 700 personnes », ajoutant que le parquet « va avoir la main lourde lorsque nous allons prendre nos réquisitions d’audience ». Ce qui pourrait laisser sous-entendre que les peines requises contre ces personnes pourraient être sévères en raison de la qualification des faits et de l'ampleur des agissements dénoncés.
Avec cette déclaration, le procureur ouvre la voie à des poursuites et à des réquisitions plus dures que pour des infractions de simple trouble à ordre public. Les prochains jours devraient voir la poursuite des enquêtes et, vraisemblablement, des présentations devant les juridictions compétentes. Les autorités judiciaires ont indiqué leur détermination à « exploiter » les éléments de preuve numériques et à demander des sanctions à la hauteur des faits.
Lambert KOUAME